Eva Taulois a grandi au bord de la mer. Après plusieurs années passées à Paris, elle vit désormais entre Le Finistère et Nantes où elle a installé son atelier dans une ancienne piscine. Elle aime s’assoir dans des expositions comme on le ferait devant un paysage. Ses oeuvres, à la fois peintures, sculptures, architectures, mobiliers, vêtements, costumes, accessoires rejouent sans cesse de nouveaux scenarii d’expositions. Elle dessine, taille, recouvre, modèle, peint ; les couleurs occupent une place importante : flamboyantes, elles créent une rythmique et une atmosphère accueillante. Les oeuvres qu’elle produit sont le plus souvent issues d’une réflexion sur la surface et le recouvrement. Elle s’intéresse à la souplesse des matériaux, à leur capacité à s’adapter, à être une chose et une autre. Son travail se place au seuil de différents registres et vocabulaires, et propose une fusion de l’art et de la vie.

Pour L’Artothèque de Caen, Eva Taulois a produit un ensemble de nouvelles peintures et a conçu un dispositif pensé en adéquation avec l’architecture et la fonction du lieu. Intitulée Col roulé, l’exposition met en scène un certain nombre d’antagonismes que l’on retrouve symboliquement dans l’usage et la forme de cet élément vestimentaire. Recouvrant le cou, le col roulé peut tour à tour être un élément rassurant ou oppressant, doux ou irritant, utile ou accessoire. Sa forme est toujours dépendante de la personne qui le porte. De même, l’installation d’Eva Taulois joue le recto et le verso, le caché et le montré, le fonctionnel et le décoratif.

Col roulé, 2022

Pour L’Artothèque de Caen, Eva Taulois a produit un ensemble de nouvelles peintures et a conçu un dispositif pensé en adéquation avec l’architecture et la fonction du lieu. Intitulée Col roulé, l’exposition met en scène un certain nombre d’antagonismes que l’on retrouve symboliquement dans l’usage et la forme de cet élément vestimentaire. Recouvrant le cou, le col roulé peut tour à tour être un élément rassurant ou oppressant, doux ou irritant, utile ou accessoire. Sa forme est toujours dépendante de la personne qui le porte. De même, l’installation d’Eva Taulois joue le recto et le verso, le caché et le montré, le fonctionnel et le décoratif.

Suspendus aux poutres de la charpente, de grands châssis flottants et ajourés présentent un ensemble de nouvelles peintures. Ils structurent autant qu’ils entravent la circulation dans le lieu, nous invitant à une déambulation singulière. À la fois cimaises et châssis, ils ne sont pas sans rappeler les grilles de stockage des oeuvres de L’Artothèque.

Cette présence soulignée du châssis est loin d’être anodine. C’est en effet la première fois que l’artiste présente ouvertement cet élément constitutif du tableau qui devient ici tout à la fois le support de la toile, celui des peintures et le cadre du regard. De même, Eva Taulois intègre de manière inédite au sein de son répertoire de formes abstraites, de subtiles évocations figuratives agissant comme autant de présences fantomatiques venant habiter le lieu. Plus que jamais, la peinture est au centre. La diversité des formats, des matières, des sujets ou des textures témoignent d’une véritable jubilation à l’égard de ce médium.

Recouvrant le mur qui sépare les deux espaces d’exposition, un papier peint invite à poursuivre la visite. Son motif est extrait d’une suite de processus qui vont du ponçage d’une peinture à l’agrandissement d’un de ses détails, révélant ainsi un jeu de trames et la matière de la toile. Tapissant la seconde salle, il devient le support d’une sélection d’oeuvres choisies par l’artiste au sein de la collection. Là encore, Eva Taulois floutte les frontières entre différents registres, nous interrogeant sur le statut de ce que l’on regarde.

Loin d’imposer une lecture unique, l’installation, par ses effets de plans et d’ouvertures, démultiplie les points vue au gré de nos déplacements. Chacun.e y est invité.e à déambuler et à se perdre dans une histoire qui ne finit jamais de s’écrire…